Skip to the content

L’industrie du voyage et du tourisme : une mine d’or vraiment illimitée ?

L’industrie du voyage et du tourisme : une mine d’or vraiment illimitée ?
L’industrie du voyage et du tourisme : une mine d’or vraiment illimitée ?

Il y a environ 1900 ans, le poète romain Juvénal affirmait déjà qu’outre le pain, les jeux (divertissements) sont importants pour gagner la faveur du peuple.

Aujourd’hui, cela se traduit par une demande quasiment insatiable d’expériences de voyage. Cela offre des opportunités aux investisseurs, mais tout ce qui brille n’est pas or dans ce secteur.

Moteur de croissance de l’économie mondiale

Les voyages et le tourisme constituent le troisième secteur le plus important de l’économie mondiale. L’année dernière, selon le Conseil mondial du voyage et du tourisme (WTTC), les voyages et le tourisme ont contribué à hauteur de 9,1 % au PIB (Produit intérieur brut) mondial. Durant cette même année, le secteur a employé près de 330 millions de personnes. Pour la prochaine décennie, le WTTC mise sur une croissance robuste et prévoit que le secteur représentera 11,4 % de l’économie mondiale d’ici 2034.

La douce vengeance sur le Covid

La crise du Covid a particulièrement durement frappé l’industrie du voyage et du tourisme (en 2020, le tourisme international a diminué de moitié) en raison des restrictions draconiennes imposées aux voyageurs par les gouvernements. La levée de ces mesures a été suivie d’une reprise rapide (+ 85 % en 2021) et, depuis lors, le secteur est plus prospère que jamais. Qu’il s’agisse d’un citytrip, d’un voyage au soleil, d’un safari, d’une croisière ou d’un voyage d’aventure dans la nature, la demande d’expériences de voyage connaît une croissance structurelle. Avec la prospérité croissante des pays émergents, de plus en plus de personnes peuvent se permettre d’explorer le monde. Le vieillissement de la population stimule également l’appétit pour les voyages, étant donné que le groupe croissant de retraités dispose de plus de temps et de ressources financières. Les jeunes d’aujourd’hui attachent plus d’importance aux expériences qu’à la possession de biens matériels (voir aussi l’article précédent), ce qui contribue également à alimenter la demande de voyages.

Internet a transformé l’industrie du voyage et du tourisme

Au cours des deux dernières décennies, les plateformes en ligne ont connu une croissance gigantesque, souvent au détriment des agences de voyage traditionnelles. Booking Holdings (y compris Booking.com, Rentalcars.com et Momondo), Airbnb, Expedia (y compris Expedia, Hotels.com et Trivago) et Trip.com Group (y compris Trip. com et Skyscanner) sont les acteurs les plus connus de ce secteur. En échange d’une commission, ils fournissent des chambres d’hôtel complètes , ainsi que des restaurants et des vols bien remplis. La plupart des hôtels ont du mal à contourner ces plateformes. Ces entreprises offrent aux voyageurs un large éventail d’hébergements et une plateforme conviviale. Et elles prennent d’importantes marges sur le chiffre d’affaires.

Booking Holdings est l’entreprise la plus prospère dans ce secteur. Elle voit des opportunités de croissance dans les services de paiement, les billets d’avion et les billets pour les attractions dans les destinations de voyage. Airbnb est spécialisée dans l’offre d’hébergements alternatifs, principalement des logements privés, ce que de nombreux voyageurs considèrent comme une bonne alternative aux hôtels. Expedia a beaucoup moins de succès que Booking Holdings, tandis que le groupe Trip.com est surtout actif en Asie. Il faut toujours prendre les avis avec un grain de sel, mais Tripadvisor est un excellent outil pour ceux qui recherchent un bon restaurant ou des lieux d’intérêt. Toutefois, Tripadvisor ne parvient pas à monétiser suffisamment ses activités.

Les groupes hôteliers américains en tête

La croissance des voyages et du tourisme stimule la demande de chambres d’hôtel. La demande des clients d’affaires est cyclique, mais celle des touristes est beaucoup moins sensible à la conjoncture. Marriott International (y compris Ritz Carlton, Marriott et Sheraton) et Hilton Worldwide Holdings (Waldorf Astoria, Conrad et Hilton) figurent parmi les groupes hôteliers cotés en bourse les plus prospères. Depuis plusieurs années, ils se concentrent sur la stratégie de « premiumisation » ainsi que sur un modèle économique optimisé en termes d’actifs. Dans ce dernier cas, le groupe hôtelier travaille principalement avec des contrats de gestion directe ou un modèle de franchise et n’est donc généralement pas propriétaire de l’établissement hôtelier. La compagnie américaine Wyndham Hotels and Resorts (qui comprend Caesars, Wyndham et Ramada) est cotée en bourse depuis 2018 et les résultats qu’elle enregistre depuis un an et demi sont plus faibles. Le groupe hôtelier européen Accor affiche un palmarès boursier mitigé. Avec ses 55 marques (dont Ibis, Novotel et Mercure), Accor couvre l’ensemble du marché, mais toutes les marques n’obtiennent pas la même rentabilité. De plus, Accor n’est passée que tardivement à un modèle allégé en actifs.

Ryanair, l’oiseau rare

La croissance de la demande de voyages s’accompagne d’une augmentation de la demande de vols. Ryanair a été un bon investissement au cours de la dernière décennie. Pourtant, la plupart des autres compagnies aériennes occidentales, y compris les compagnies à bas prix comme EasyJet et Southwest Airlines, ont obtenu un rendement très faible, voire nul. Même sur le marché américain fortement consolidé, où quatre compagnies contrôlent 70 % du marché, seule Delta Airlines est parvenue à dégager des bénéfices. En 2016, Warren Buffett a été tenté d’investir de 7 à 8 milliards de dollars dans les « Big Four » américains. Il a fini par se débarrasser de ces actions lors de la crise de Covid, essuyant une perte de 2,5 à 3,5 milliards de dollars.

Les effets secondaires

Avec l’essor des voyages et du tourisme, d’innombrables villes touristiques sont devenues de plus en plus fréquentées. Les résidents locaux de lieux comme Tenerife et Barcelone, mais aussi Amsterdam, se plaignent des nuisances du tourisme de masse. Plusieurs villes ont instauré des restrictions quant au nombre de navires de croisière autorisés à accoster dans leurs ports. Venise a mis en place des barrières de péage pour freiner le tourisme. La Norvège a adopté des mesures draconiennes pour protéger la nature autour de Spitzberg. La durabilité représente donc un défi majeur pour le secteur.

Conclusion

Les investisseurs sont toujours à la recherche d’une croissance et d’une rentabilité durables. L’industrie du voyage et du tourisme offre des opportunités à cet égard. Nous voyons principalement un potentiel dans une sélection limitée de plateformes et de groupes hôteliers, et non dans toutes les entreprises figurant dans le tableau ci-dessous. Parce que le tourisme fait rêver, mais sur les marchés boursiers, ces rêves se sont souvent avérés trompeurs.

Bernard Thant

Bernard Thant

Bernard Thant graduated as master in Commercial Sciences at EHSAL (now known as Hogeschool-Universiteit Brussel). Afterwards he completed a one-year postgraduate in Finance and Investment Management. After his studies he joined Société Générale Private Banking Belgium (previously Bank De Maertelaere) where he worked for most of his career as a financial analyst. During that time, he also acted as portfolio manager equities at the same company for a number of years. Bernard joined the Econopolis Wealth Management team in September 2014 as an equity analyst.