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Les élections présidentielles mettent sous tension les relations avec les partenaires commerciaux émergents

Les élections présidentielles mettent sous tension les relations avec les partenaires commerciaux émergents
Les élections présidentielles mettent sous tension les relations avec les partenaires commerciaux émergents

Les États-Unis travaillent en étroite collaboration avec la Chine, leur principal partenaire commercial, et avec le Mexique et le Brésil, qui sont essentiels pour les chaînes d’approvisionnement et l’agriculture.

Les États-Unis et la Chine maintiennent leurs liens économiques, mais luttent pour la domination commerciale et technologique, ce qui accentue les tensions.

Fin septembre, la Chine a annoncé de façon inattendue un vaste programme de relance destiné à donner un coup de pouce à l’économie et aux marchés boursiers.

Les États-Unis et les marchés émergents : la Chine, le Mexique et le Brésil – des partenaires commerciaux clés

La relation entre les États-Unis et les marchés émergents d’Asie et d’Amérique latine est complexe et se caractérise par un mélange en constante évolution de coopération mutuellement bénéfique, mais aussi par des contradictions et des tensions fondamentales.

L’une des formes les plus concrètes de collaboration est naturellement leur interaction économique. Les États-Unis ont tiré parti de leur influence pour accéder aux matières premières, à une main-d’œuvre bon marché et aux marchés de consommation en expansion dans divers pays émergents. Dans le même temps, ces marchés émergents ont bénéficié des investissements américains, de la technologie et de l’accès au marché américain.

En Asie, la Chine constitue un exemple remarquable, puisqu’elle est désormais le plus grand partenaire commercial des États-Unis, malgré les tensions persistantes liées aux pratiques commerciales, à la technologie et à l’influence géopolitique. En Amérique latine, le Mexique occupe une place de choix, puisqu’il s’agit du deuxième partenaire commercial des États- Unis. Le pays est fortement intégré dans les chaînes d’approvisionnement américaines, en particulier dans des secteurs tels que l’industrie automobile, l’électronique et les produits agricoles. Le Brésil, la première économie d’Amérique latine, est également un partenaire commercial majeur des États-Unis, notamment dans le domaine de l’agriculture et de l’énergie.

Bras de fer entre les États-Unis et la Chine pour l’influence et la domination

Outre les liens économiques, il existe également d’importants partenariats diplomatiques et stratégiques, souvent axés sur des intérêts mutuels tels que la sécurité, la stabilité et la croissance économique. En Asie, par exemple, les États-Unis ont construit un réseau d’alliances pour consolider leur influence dans la région. Les États-Unis considèrent l’influence militaire et économique croissante de la Chine comme une menace pour leur domination dans cette région. Cela a conduit à un renforcement de la présence militaire américaine en Asie. Parallèlement, la Chine cherche à accroître son influence mondiale par le biais d’initiatives telles que la Belt and Road Initiative, qui est considérée par les États-Unis comme une tentative de réorganiser les rapports de force mondiaux.

Des tarifs douaniers à l’importation à la guerre technologique : la lutte pour la domination

Les tensions entre les États-Unis et les marchés émergents sont inévitables et résultent souvent de déséquilibres commerciaux, du protectionnisme et de conflits liés à la propriété intellectuelle. En Asie, la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine en est sans aucun doute le meilleur exemple. Déjà sous la présidence d’Obama, les États-Unis avaient tenté de mettre en oeuvre une stratégie de « pivot vers l’Asie » visant à renforcer les alliances en Asie pour contrecarrer l’influence croissante de la Chine. La Chine avait vu cette stratégie comme une tentative de freiner son essor, ce qui avait entraîné une montée des tensions en mer de Chine méridionale.

Sous Trump, les États-Unis ont imposé des droits d’importation sur les produits chinois pour forcer la Chine à réformer ses pratiques commerciales. Ces tarifs douaniers ont conduit à des représailles de la part de la Chine et ont perturbé les systèmes commerciaux du monde entier. Dans sa campagne actuelle, Trump a déclaré que les constructeurs automobiles chinois peuvent vendre leurs produits aux consommateurs américains à condition que ces voitures soient fabriquées aux États-Unis. Pour Trump, il s’agit avant tout d’un accord : la Chine est un rival, mais pas nécessairement un ennemi.

Biden a d’ailleurs adopté une position encore plus stricte à l’égard de la Chine, comme en témoignent les nombreuses mesures anti-chinoises. Sa politique est principalement axée sur le renforcement des chaînes d’approvisionnement américaines et la réduction de la dépendance vis-à-vis de la Chine, en particulier dans des domaines critiques tels que les semi-conducteurs, les batteries pour véhicules électriques et les terres rares. Entre-temps, la Chine s’efforce d’atteindre l’autosuf- fisance technologique, notamment dans les secteurs de haute technologie comme l’intelligence artificielle, l’informatique quantique et la biotechnologie. Kamala Harris ne s’est guère prononcée jusqu’à présent sur la politique internationale, mais la position des Démocrates est claire : le monde est divisé en démocraties et non-démocraties.

La Chine va enfin utiliser le bazooka tant attendu des mesures de relance

Naturellement, la Chine ne restera pas passive. Même s’il est bien connu que les décideurs chinois adoptent généralement une vision à long terme pour prendre leurs décisions, cela ne signifie pas qu’ils doivent toujours être en phase d’attente. Cela est apparu clairement au moment de la publication de cet article. Fin septembre, la Chine a annoncé de façon inattendue un vaste programme de relance destiné à donner un coup de pouce à l’économie et aux marchés boursiers. Cela a immédiatement fait grimper les marchés boursiers chinois à court terme. Compte tenu de l’implication personnelle de Xi Jinping et du fait qu’il n’est pas question de perdre la face en Chine, cela pourrait bien marquer le début d’une nouvelle tendance. Certains suggèrent même qu’il pourrait s’agir pour la Chine d’un moment « whatever it takes », comparable à la célèbre déclaration de Mario Draghi lors de son mandat de président à la tête de la BCE pour sauver l’euro. Bien sûr, cela ne résoudra pas d’un seul coup les problèmes fondamentaux de la Chine, bien au contraire, mais si ces mesures parviennent à inverser le pessimisme actuel concernant la Chine, c’est déjà une préoccupation en moins dans le conflit plus général avec les États-Unis.

La danse délicate de la diplomatie : coopération et conflit

En résumé, nous pouvons dire que la coopération économique entre ces deux blocs de puissance économique reste essentielle d’une part. Les deux pays sont profondément imbriqués dans les chaînes d’approvisionnement mondiales et ont intérêt à entretenir des relations économiques stables. D’autre part, la technologie demeure un motif central de conflit, en particulier dans les domaines de l’intelligence artificielle, de la cybersécurité, de l’espace et des semi-conducteurs, où les deux pays se disputent la domination. Les deux pays investissent massivement dans ces secteurs et la course à la suprématie technologique peut conduire à une intensification des tensions. Cependant, 2024 est une année électorale aux États-Unis, et le Parti démocrate doit trouver un équilibre entre ne pas paraître trop indulgent envers la Chine tout en renforçant les chaînes d’approvisionnement américaines et en réduisant la dépendance vis-à-vis de la Chine.

L’avenir des relations entre les États-Unis et les marchés émergents d’Asie et d’Amérique latine sera probablement marqué de façon permanente par une combinaison faite de coopération et de conflit. L’émergence de rapports de force multi- polaires, la concurrence économique accrue et la diversité des systèmes politiques et des cultures continueront de créer à la fois des opportunités et des tensions.

Gino Delaere

Gino Delaere

Gino Delaere is master in Applied Economics (University of Antwerp) and holds an MBA (Xavier Institute of Management in Bhubaneswar, India). For over a decade he has been specializing in emerging markets worldwide and traveling the world looking for interesting investment opportunities. Previously he worked for several large asset managers where he was actively involved in several thematically inspired equity funds. Today, as the head of the Econopolis office in Singapore, he spends a significant amount of his time in Asia and Latin America, and is responsible for the stock selection in the emerging markets funds.