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Obésité : un défi mondial où les États- Unis occupent la place de leader incontesté

Obésité : un défi mondial où les États- Unis occupent la place de leader incontesté
Obésité : un défi mondial où les États- Unis occupent la place de leader incontesté

Quatre Américains sur dix sont obèses. Cela a des conséquences sanitaires et économiques majeures et nécessite des interventions et de nouveaux traitements tels que les médicaments GLP-1.

Les médicaments GLP-1, tels que Wegovy et Zepbound, sont de nouveaux produits amaigrissants susceptibles d’être largement adoptés aux États-Unis où ils encouragent le changement des comportements et peuvent être couverts par les régimes Medicare, Medicaid et faire partie des négociations sur les prix.

Quatre adultes américains sur dix sont obèses

Ce n’est un secret pour personne que les États-Unis enregistrent l’un des taux d’obésité les plus élevés au monde. Pas moins de quatre adultes américains sur dix ont un indice de masse corporelle (IMC) supérieur à 30. L’IMC, une mesure qui évalue le poids par rapport à la taille, est généralement utilisé pour définir le surpoids et l’obésité. Cela place le pays en tête d’une épidémie mondiale déclarée par l’Organisation mondiale de la santé dès 1997. Seuls quelques pays, comme le Qatar, l’Égypte, l’Arabie saoudite, le Chili, la Roumanie et la Hongrie, affichent des taux comparables. On estime aujourd’hui qu’un milliard de personnes souffrent d’obésité dans le monde, dont 650 millions d’adultes, 340 millions d’adolescents et 39 millions d’enfants.

Les taux d’obésité continuent d’augmenter aux États-Unis, même pendant la pandémie de COVID-19. Les causes sont complexes et sont liées à des facteurs génétiques, sociaux et environnementaux. Des changements tels qu’un comportement davantage sédentaire et l’augmentation d’aliments hautement transformés contribuent à cette tendance. Bien que le poids et la santé ne soient pas toujours directement liés, cette évolution est préoccupante. L’obésité est souvent associée à des maladies chroniques telles que le diabète de type 2, certains cancers et les maladies cardiaques.

Ici aussi, on voit s’ébaucher l’histoire des deux Amériques, avec de grandes différences entre les États. Les États situés au centre du pays comme la Virginie- Occidentale et le Mississipi affichent les taux les plus élevés, tandis que les États côtiers comme le District de Columbia (D.C.), le Vermont et la Californie restent en dessous de 30 %. En Californie, on observe même une baisse des taux.

Outre l’impact sur la santé, le fardeau économique est également considérable. En 2019, le CDC (Centres pour le contrôle et la prévention des maladies) a estimé le coût annuel de l’obésité à 173 milliards de dollars, le coût le plus élevé concernant les hommes âgés de 60 ans et plus (1 500 à 3 000 dollars par personne). Cela met en évidence l’importance de la prévention dès le plus jeune âge.

Même si les mesures de prévention et de traitement nécessitent initialement des investissements substantiels, les coûts de l’obésité en l’absence de telles interventions peuvent s’avérer finalement (beaucoup) plus élevés. La Fédération mondiale de l’obésité estime que, d’ici 2035, le coût passera la barre des 4 000 milliards de dollars à l’échelle mondiale, soit environ 3 % du PIB. Les analyses des régimes d’assurance américains révèlent également que les personnes souffrant d’obésité ont des coûts de soins de santé nettement plus élevés que les personnes non obèses.

Pour remédier aux taux d’obésité, des changements sont nécessaires au niveau social. Outre une alimentation plus saine, davantage d’exercice, un sommeil adéquat et une meilleure gestion du stress, les médicaments de type GLP-1 peuvent également contribuer au traitement de l’obésité chez les adultes. Cela mène à la discussion sur le remboursement de ces nouveaux médicaments.

Qui paie la facture ?

Les médicaments GLP-1 constituent une nouvelle génération de produits amaigris- sants dont les premières versions approuvées ont été récemment lancées par Novo Nordisk (« Wegovy ») et Eli Lilly (« Zepbound »). Le marché américain est crucial pour leur potentiel de vente, mais sans l’intervention des assurances, les coûts atteignent environ 1 300 dollars par mois. Bien que la plupart des compagnies d’assurance privées américaines ne couvrent pas encore ces médicaments, la pression exercée

Les médicaments GLP-1 peuvent aider les personnes à adopter un mode de vie plus sain.

par les travailleurs est de plus en plus forte, ce qui n’est absolument pas négligeable dans les négociations avec les employeurs. Pour ce qui est de la couverture par les régimes gouvernementaux Medicare (> 65 ans) et Medicaid (faibles revenus), diverses initiatives sont en cours.

La loi TROA (loi sur le traitement et la réduction de l’obésité ou « Treat and Reduce Obesity Act ») vise à autoriser le CMS (Centers for Medicare & Medicaid Services – initiative du gouvernement américain pour l’accès aux régimes Medicare et Medicaid, entre autres) à couvrir les médicaments contre l’obésité approuvés par la FDA, comme Wegovy et Zepbound, dans le cadre du régime Medicare. Bien que la proposition n’ait pas encore été adoptée, elle a récemment fait l’objet d’un regain d’attention et son approbation est attendue dans un délai d’un à deux ans.

Entre-temps, le Bureau du budget du Congrès américain (Congressional Budget Office – CBO) analyse la valeur sociale des médicaments contre l’obésité. Au cours de récentes audiences, le CBO a indiqué que si la Food and Drug Administration (FDA), l’Agence gouvernementale américaine chargée d’évaluer la sécurité et l’efficacité des produits alimentaires et des médicaments, approuve les médicaments GLP-1 pour des indications cardiovasculaires, Medicare les couvrira probablement pour les personnes souffrant d’obésité. Les études qui mettent en évidence un lien entre les médicaments GLP-1 et une réduction des risques d’insuffisance cardiaque et rénale sont cruciales à cet égard. Enfin, on examine également si les médicaments GLP-1 devraient bientôt être inclus dans les négociations de prix dans le cadre de la loi sur la réduction de l’inflation (IRA).

American way of living

Les estimations de l’ampleur finale du marché des médicaments GLP-1 aux États- Unis varient, mais on prévoit qu’entre 5 % (18 millions de personnes) et 12 % (31 millions de personnes) de la population pourrait opter à ces médicaments d’ici 2035, une fois que la capacité de production aura été accrue et que les conditions de remboursement auront été clarifiées. L’adoption des médicaments GLP-1 aura des conséquences majeures. Les enquêtes menées auprès des utilisateurs montrent que leurs dépenses ont diminué pour les denrées alimentaires, avec une baisse encore plus marquée pour les dépenses de restauration et de plats à emporter. De plus, d’autres membres de la famille adoptent ces changements comportementaux, comme une alimentation plus saine et la réduction de la consommation alimentaire.

La consommation d’aliments malsains, comme les friandises et les boissons sucrées, diminue, tandis que la consommation d’aliments riches en protéines augmente. De manière surprenante, l’utilisation des médicaments GLP-1 conduit également à une réduction de moitié de l’utilisation des cigarettes traditionnelles et électroniques, ce qui ouvre la voie à la lutte contre d’autres comportements addictifs. Là où les programmes (gouvernementaux) précédents ont échoué, les GLP-1 semblent donner au citoyen américain moyen l’impulsion nécessaire pour changer définitivement son mode de vie.

Stijn Plessers

Stijn Plessers

Stijn Plessers est licencié en économie (Université catholique de Louvain). Il a débuté sa carrière en 2006 dans une banque privée, puis a travaillé pour KBC Asset Management pendant 15 ans. Chez KBC AM, il était initialement responsable de la gestion d'un important portefeuille de crédit et de dérivés avant de se concentrer entièrement sur les actions. D'abord comme analyste pour le secteur technologique, puis comme gestionnaire de mandats spécialisés en actions mondiales. Depuis avril 2023, Stijn est active chez Econopolis Wealth Management.