Gino Delaere is master in Applied Economics (University of Antwerp) and holds an MBA (Xavier Institute of Management in Bhubaneswar, India). For over a decade he has been specializing in emerging markets worldwide and traveling the world looking for interesting investment opportunities. Previously he worked for several large asset managers where he was actively involved in several thematically inspired equity funds. Today, as the head of the Econopolis office in Singapore, he spends a significant amount of his time in Asia and Latin America, and is responsible for the stock selection in the emerging markets funds.
4 Tendances structurelles dans les marchés émergents
Les marchés émergents sont sortis forts de la crise du COVID-19. Gino Delaere, notre expert des marchés émergents, nous éclaire sur 4 tendances structurelles en Asie: e-commerce, engagements forts des enterprises asiatiques, un projet pilote sur les voitures autonomes et le partenariat commercial RCEP qui redessine la carte mondiale.
Numérisation : la Chine leader mondial de l’e-commerce
En Occident, la numérisation s’accélère depuis le début de la pandémie. Vous trouverez plus d’informations à ce sujet dans la rubrique ‘Actions’, où nous nous intéressons plus en détail aux performances et aux perspectives dans le secteur technologique.
Un rapport récent de McKinsey révèle que la Chine a une longueur d’avance sur l’Occident en matière de numérisation. « L’écosystème numérique en Chine est le plus sophistiqué au monde. Le pays compte plus de 850 millions d’utilisateurs d’Internet », selon ce rapport. La pénétration des paiements mobiles y est beaucoup plus importante que chez nous, par exemple avec la fameuse app WeChat de Tencent, qui est énormément utilisée. Ce taux de pénétration y est trois fois supérieur par rapport aux États-Unis. Par ailleurs, on lit dans le rapport que le commerce en ligne a représenté 24 % des ventes de détail en 2019, contre 9 % en Allemagne et 11 % aux États-Unis. Ces chiffres seront évidemment supérieurs à la fin 2020.
La Chine est donc clairement le plus gros marché du commerce en ligne dans le monde. Elle représentait quelque 45 % de la valeur des transactions dans ce segment en 2018 dans le monde.
Le coronavirus a accéléré la numérisation des applications et canaux B2C, mais aussi des segments de l’économie traditionnellement moins numérisés, notamment les domaines où un contact physique est nécessaire. Selon McKinsey, une entreprise immobilière a ainsi organisé des ‘showrooms virtuels’ et des entretiens en ligne à l’aide d’un miniprogramme spécial WeChat. Une équipe commerciale dédiée au numérique a depuis approfondi les relations avec les clients. Ces contacts seront maintenus après la pandémie.
On pourrait aussi parler de l’explosion des consultations médicales à distance. La télémédecine a percé en 2020. Cette tendance ne va faire que s’amplifier dans les prochains mois. Sur le graphique, on le voit au nombre de médecins qui se sont connectés à l’app WeDoctor.
Selon le rapport, le déploiement de la 5G va aussi soutenir la numérisation, car ces réseaux mobiles rapides vont stimuler davantage les véhicules autonomes, l’intelligence artificielle et l’Internet des objets.
RE100 avec toujours plus d’entreprises asiatiques
RE100 est une initiative mondiale réu- nissant les entreprises les plus influentes au monde souhaitant s’engager dans les énergies 100 % renouvelables. Un nombre croissant d’entreprises asiatiques l’ont rejointe.
L’Union européenne tend à la neutralité carbone, mais la Chine a aussi son Green Deal, qui fait partie de son dernier plan quinquennal. Selon nous, les entreprises qui misent sur la neutralité carbone offrent de nombreuses perspectives en 2021. Il ne s’agit pas que des énergies renouvelables, des voitures électriques et des batteries, mais aussi des entreprises qui aideront les pays asiatiques à réaliser leurs objectifs climatiques d’ici 2050 et 2060. La Chine, le Japon et la Corée du Sud travaillent à des plans détaillés. Les investisseurs vont donc s’intéresser de plus en plus à ces entreprises.
Le changement climatique est un problème majeur pour les pays asiatiques. Il provoque notamment des inondations et des pluies diluviennes. Cela a peut-être poussé la Chine à annoncer en septembre 2020 son intention d’at- teindre la neutralité carbone d’ici 2060. Des pays comme le Japon et la Corée du Sud ont aussi leur plan pour le climat et comptent atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.
Les entreprises qui génèrent un ‘impact’ écologique concret gagnent aussi en intérêt. Elles peuvent en aider d’autres à rejeter moins de CO2. Elles aident par exemple les producteurs de boissons à consommer moins d’eau. Certaines entreprises adaptent aussi leur modèle d’entreprise pour moins ressentir l’impact du changement climatique (notamment les assureurs et les entreprises financières, qui réduisent leur financement aux entreprises dans le secteur des combustibles fossiles). Les investisseurs internationaux y sont de plus en plus sensibles.
YumChina mène un projet pilote sur les voitures autonomes
Les fonds des pays émergents d’Econopolis sont positionnés sur YumChina. En décembre, l’entreprise a publié un communiqué de presse où elle expliquait qu’elle menait actuellement un projet pilote sur les voitures autonomes. Voilà encore un bel exemple des nouvelles technologies qui améliorent l’expérience utilisateur et peuvent en même temps accroître l’efficacité opérationnelle.
En novembre 2020, Pizza Hut et KFC ont lancé un projet pilote avec une flotte de voitures autonomes dans les rues de Shanghai. Les clients pouvaient consulter tous les menus de petit-déjeuner via une fenêtre d’affichage trans- parente et commander avec leur téléphone en scannant un code QR. Après paiement, la porte du véhicule s’ouvre automatiquement et le client peut emporter la commande. La voiture est également dotée de l’isolation néces- saire pour maintenir la fraîcheur des repas. De plus, elle soutient les ventes grâce à une sélection intelligente du site sur la base de diverses données, telles que la fréquentation et les habitudes de commande. La
voiture peut ainsi se rendre à une station de métro à l’heure du petit-déjeuner pour toucher un maximum de navetteurs. Ensuite, elle se dirige vers un immeuble de bureaux pour l’heure de midi. Ce n’est plus de la science-fiction, c’est devenu réalité!
Le partenariat commercial RCEP redessine la carte mondiale
Les pays asiatiques gagnent en importance dans l’économie mondiale et prennent de plus en plus d’initiatives pour s’organiser et commercer. Une étape a été franchie avec la signature du Partenariat régional économique global (RCEP) en novembre 2020.
Ce partenariat négocié par 15 pays asiatiques doit mener à la suppression progressive des droits de douane. La Chine devrait en sortir grande gagnante.
À terme, les pays asiatiques commerceront ainsi de plus en plus entre eux et moins avec le reste du monde. Autrement dit, le bloc commercial asiatique ne va faire que se renforcer. Les pays d’Asie du Sud-Est ont conclu un énorme accord commercial avec le Japon, la Chine, la Corée du Sud, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. On notera donc que la Chine en fait partie, mais pas les États-Unis.
L’accord supprime un grand nombre de taxes à l’importation et à l’exportation entre les États-membres ou les réduit fortement. Dans la pratique, les échanges commerciaux sont déjà très importants entre ces pays et les droits de douane étaient déjà très bas. L’initiative est venue des 10 pays de l’ASEAN : Singapour, Malaisie, Thaïlande, Myanmar, Laos, Vietnam, Cambodge, Philippines, sultanat de Brunei et Indonésie. Ces pays concluent donc aujourd’hui un accord avec la Chine, le Japon, la Corée du Sud, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. L’Inde a aussi participé aux négociations, mais elle s’est retirée.